4.12.2010

25 ans de Montréal.

Traverser Montréal à la marche, lentement.

Les souvenirs de tous les garçons que j'ai connus, de ces plaisirs furtifs, de ces moments de réalité altérée. Passer devant la porte de quelqu'un qui me manque, m'arrêter, fumer une cigarette, hésiter, puis décider de reprendre ma marche.

Chanter à tue-tête. Ça dérange les gens, quelqu'un qui veut se sentir en vie, je crois.

Un souvenir de quand j'avais 10 ans, l'école dans le parc. Un souvenir de quand j'en avais 16, la maison de Sarah. Un souvenir de quand j'en avais 24, la porte de Vincent.

Une étrange impression de fin de chapitre. La dernière chance de dire adieu à un de ces hommes que j'aime. Il est venu à Montréal, a changé ma ville, puis repart. C'est étrange, savoir que maintenant, je ne pourrai plus le croiser, par hasard.

25 années de Montréal, traversées à la marche, lentement. On croise certains regards qui nous sont familliers, comme si, eux aussi, en avaient trop vu de cette ville.

Revenir sur mes pas, j'arrête encore devant la porte de Vincent. Dis, elle est froide, la forteresse de la SQ... J'ignore s'il habite toujours là en fait... Fumer une cigarette, reprendre la route encore. Je m'arrête au parc, tiens, deux étrangers se rencontrent, leur chiens aussi.

Voilà Sainte-Catherine... Je me souviens d'une marche avec François, je me dirige vers l'est. Cuvillier. Je me demande s'il a finit de tout peinturer en vert pâle, l'ancien voisin.

Le Shlag. Soudain je m'ennuie de Jeanne. De Julien. De Coco. De Chèvre. Du bar Davidson et de ses films porno. Un autre ancien appartement. Je ne remonte pas jusqu'à Bourbonnière cette fois, trop de mauvais souvenirs. Une amertume envers le monde.

Je reprends alors la Catherine vers l'ouest, jusqu'à Papineau. En chemin, je regarde vers le haut à une occasion, pour voir. Rien à voir. Papineau. Quelle rue étrange. Les meubles Elvis, je me demande pourquoi je ne suis jamais entré... Un bar: une fille m'invite à l'intérieur. Je décline. C'est mon monde, ce soir. Je marche lentement. Trop lentement. Je voudrais croiser Etienne, à tous prix. Lui dire tant de choses, lui montrer qui je suis devenu. Par hasard, sans rendez-vous. Truquer le destin, pour une fois, seulement une fois. Inutile. Vers le nord. Jusqu'à Jean-Talon.

Jean-Talon. Je vais vers Chambord. J'arrête. Je fume une autre cigarette. Une histoire non terminée ici. Un drame comique. Étrange que dans mon champ de vision vive Gabriel. Mais lui, je l'ai vu plus tôt aujourd'hui, pas besoin d'aller hésiter devant sa porte.

Je me demande comment va Mathieu, comment va sa belle Sophie. Deux personnes que j'aime beaucoup, qui m'ont connu au mauvais moment.

Jean-Talon, métro. Bonjour Grand-Maman, je ne t'appelles pas souvent, mais je vois de la lumière chez toi. Demain, je te donnerai un coup de fil. Bonjour Brigitte, Estelle. Vous me manquez aussi.

Saint-Dominique. Voilà, je retourne chez moi. C'est étrange, je me sens ici chez moi. Ça fait bientôt 10 ans que je suis à la dérive, jamais chez moi, toujours en voyage. D'habiter avec Chloé, c'est de revenir à la source. Étrange. Et bientôt, Simon. Le véritable chez moi. La famille.

Traverser Montréal, lentement. Oui, les rues sont lourdes. Mais je ne m'en passerais pas.

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